Les Amis de la Bibliothèque
ont fêté le 12ème printemps de poètes
en invitant le 12 mars, Céline Surateau, conteuse,
Nicole Laval-Turpin pour la présentation et
Elisabeth Caillard au violon.
Une trentaine de personnes se sont retrouvées ce vendredi 12 mars 2010 dans la salle "heure du conte" de la bibliothèque pour une lecture de poésie. Cette manifestation, sur le thème des Femmes poètes à la Belle Epoque clôturait la semaine de « la Musique s’invite à la Bibliothèque ».
Le décor était planté avec un petit bureau sur lequel étaient posés une lampe art déco et des gants,ainsi que la lumière indirecte sur les trois intervenantes. Les poèmes lus par Céline Surateau ont très joliment pris leur place entre l’introduction de Nicole Laval-Turpin et le violon d’Elisabeth Caillard.Elles nous ont raconté ces femmes poètes qui ont écrit par centaines au tournant de 1900, pour décrire leur univers et leurs fantasmes, leur furieux désir de vivre. Elles se sont malheureusement tues avec la grande guerre.Lors de la soirée ont été lus :Gérard d'Houville (Marie de Régnier),
Jeanne Perdriel-Vaissière,
Renée Vivien,
Marie Noël,
Anna de Noailles,
Hélène Picard
Marguerite Burnat-Provins
Catherine PozziAu violon, Elisabeth Caillard (au centre de la photo) a brillamment interprété :" Louré", de la 3ème partita de JS Bach,
" In the mood for love", musique du film, composée par Shigeru Umebayashi
" Clair de lune", de Gabriel Fauré,
" Vocalise ", de Serge Rachmaninov,
" Adagio", de la 1ère sonate de JS BachUne très belle soirée qui s’est clôturée par de nombreux échanges entre les intervenantes et le public et où il nous a été également possible d’admirer les peintures sur toile et sur papier de Maria Rodriguez, également membre de notre association.La gentillesse et la passion de la Lecture à Haute Voix n'ont pas de limite pour Madame Céline Surateau, qui a bien voulu répondre aux questions de Pascale:Depuis quand pratiquez-vous la lecture à voix haute?
Céline Surateau. Je pratique la lecture à voix haute depuis plus de trente ans, depuis que j’y ai été sensibilisée, en 1971, dans un stage national des CEMEA* dirigé par Miguel Demuynck (Théâtre de la Clairière) stage intitulé: “ Jeu dramatique, expression corporelle et lecture expressive ”. C’est à cette occasion que j’ai fait mes premières découvertes quant à la richesse de cette activité nommée “ lecture expressive ”! et que j’ai commencé à étudier comment elle pouvait être utilisée pour mettre l’écrit en valeur. Il est intéressant de constater qu’à cette époque, on essayait de revaloriser cette activité: comment lire pour donner vie, donner sens à un texte par l’oral, par la voix haute. Vaste sujet…
*CEMEA: Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active
Avez-vous suivi des formations ? Avez-vous des “ maîtres ” à lire ?
Céline Surateau. Oui, depuis, j’ai suivi plusieurs formations concernant la voix, le théâtre et l’étude du texte.
Pour ne citer que celles qui m’ont le plus marquée:
J’ai été élève à l’école Charles Dullin à Paris pendant deux ans: 1980 et 1981.
J’ai suivi des stages sur la voix et le chant, dirigés par Le Roy Hart Théâtre pendant plusieurs années, à Orléans.
J’ai participé à plusieurs formations encadrées par des professeurs de “ l’école Jacques Lecoq ”: la commedia dell’Arte, les Bouffons, entre autres.
J’ai suivi le travail que font “ Les Livreurs ”, troupe de “ lecteurs sonores ”, comme ils s’appellent eux-mêmes, passionnés de littérature et j’ai assisté à la conférence qu’ils appellent: “ Le son de lecture ”, qui m’a confortée dans les choix que je faisais dans ma façon de pratiquer cette activité.
Et le fait que je propose depuis plusieurs années des stages de lecture à voix haute m’ont obligée à continuer à lire, étudier, des ouvrages concernant le travail de la voix et celui du texte.
Est-ce que j’ai des “ maîtres à lire ”?
Je ne sais pas trop ce que vous entendez par “ maîtres à lire ” mais ceux que je peux citer parce qu’ils m’ont aidée à réfléchir sur le théâtre et l’activité dramatique en général, sa place, son rôle, son importance: les écrits de Jean Vilar, de Louis Jouvet, de Peter Brook, de Robin Renucci, pour les plus marquants, m’ont beaucoup aidée à construire du sens sur ma façon de m’approprier les activités théâtrales.
Travaillez-vous longtemps pour assurer une lecture?
Céline Surateau.. Oui, je travaille longtemps pour assurer une lecture.
Une lecture dure environ 1h15, 1h20, sans compter le temps d’échange qu’il y a toujours après. Chaque lecture comporte en moyenne 5 auteurs différents. (plus quand il y a de la poésie et donc des extraits courts). Je suis donc à chaque fois confrontée à des styles, des rythmes, des contenus différents. C’est un choix de ma part. Je cherche à proposer une variété.
En amont, ce sont des heures et des heures de lecture silencieuse pour choisir les livres en fonction des thèmes que je me suis fixés, puis choisir les extraits pertinents qui seront lus à voix haute. Les extraits choisis, j’en travaille la lecture à voix haute. Je sais maintenant que je dois démarrer ce travail de LVH à proprement dit, environ 10 jours avant la lecture publique, (soit environ 10 heures en tout, voire plus, de LVH des passages choisis) pour que j’en maîtrise à la fois le sens et la diction et que le plaisir à les lire à un public soit total..
Comment choisissez-vous vos thèmes de lecture?
Céline Surateau. Cela fait sept ans que je travaille par thèmes et j’ai un public fidèle qui me donne des idées de thèmes avec un ou deux livres pouvant les illustrer. Je glane toutes les idées données autour de moi, par mes proches. Je fais partie de clubs de lectures (celui de la médiathèque de Saint Jean de Braye, par exemple), j’ai fait partie de jurys et en ai profité pour glaner des idées dans l’actualité et puis, j’ai l’oreille et l’œil très à l’affût: je lis, j’écoute les critiques littéraires. etc…
En ce moment même, des personnes me donnent des références de livres et des idées de thèmes pour la saison prochaine et je les garde très précieusement dans un cahier !!!
Quels sont vos auteurs préférés ?
Céline Surateau. Il y a ceux dont je lis les œuvres pour moi et ceux vers lesquels je vais pour en travailler la LVH. Je fais bien la distinction entre les deux.
En terme de littérature et /ou poésie, les auteurs dont les œuvres restent à portée de ma main et de mes yeux et qui me viennent le plus vite à l’esprit sont: Yves Bonnefoy , Gaston Bachelard et Pascal Quignard.
Mais il y en a beaucoup d’autres que j’apprécie énormément et que je ne pourrai citer au risque d’être trop longue! et il y a ceux dont j’ai eu à me confronter au style, par le truchement des lectures à voix haute, comme Michèle Desbordes, Pierre Michon, Julien Gracq, Claude Simon, Marcel Proust, Marie Ndiaye pour n’en citer que quelques uns… et qui me laissent des traces très fortes car ces lectures m’ont non seulement marquée intellectuellement mais aussi physiquement! Il faut du souffle pour les donner à voix haute.
Où peut-on venir vous écouter?
Céline Surateau.. En ce qui concerne mes lectures régulières, on peut venir m’écouter, au plus près, à la médiathèque de Saint Jean de Braye (le samedi 17 avril et le 12 juin à 15h) et aussi à la MJC d’Olivet ( le jeudi 1 avril, le 6 mai et le 3 juin à 18h30).
Thème d’avril: “ Littérature chinoise ”.
Thème de mai: “ Sable et neige ”.
Thème de juin: “ Univers au masculin ”.
Je vais également faire un concert poésie à partir de mon recueil “ La Ballade de l’Inachevé ”, à l’espace Desfriches (bibliothèque d’Olivet) le samedi 26 juin à 15h et un café littéraire avec Nicole Laval-Turpin et musiciens également: La poésie et les couleurs au Centre Charles Péguy le jeudi 17 juin à 18h.
Publié avec l’aimable autorisation de Céline Surateau
pour l’association des Amis de la Bibliothèque de Semoy- mars 2010.
Les Amis de la Bibliothèque ont exposé,du 8 au 21 mars, des poèmes sur le thème " COULEUR Femme " dont la maraine est Andrée Chedid (mère et grand-mère de Louis et Mathieu Chedid), illustrés par des photographies de femmes et des pastels de Patricia Billard (Semoy).
Pastel "Femme africaine" Patricia Billard
De cet amour ardent je reste émerveillée de Andrée Chedid
8 mars : Journée de la femme de Fatoumata Kane.Brisée : poème anonyme de HaitiLa mer de Jacqueline DaoudMère de Ndeye Bouri Ndiaye
Mon coeur de N'Déye Coumba Mbengué DiakhatéRonda de Gabriela MistralTu ne connais aucun chemin de Véronique TadjoPoésie du Quebecet pour terminer quelques poésies d'Andrée Chedid ...
Toi-Moi
Par l'univers-planète
un univers à toute bride
Par l'univers-bourdon
dans chaque cellule du corps
Par les mots qui s'engendrent
Par cette parole étranglée
Par l'avant-scène du présent
Par vents d'éternité
Par cette naissance qui nous décerne le monde
Par cette mort qui l'escamote
Par cette vie
Plus bruissante que tout l'imaginé
Toi
Qui que tu sois
Je te suis bien plus proche qu'étranger.
Andrée Chedid ("Contre Chant" - 1972)
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La saison des herbes
L'air est libre
Les chemins sentent l'orange
Le soleil s'allonge en robes de safran
C'est la saison du rire et des herbes
Ô mon amour aux cent patiences
Ce soir tout est une première fois.
Andrée Chedid ("Textes pour un poème - 1949-1970 ")
Pastel "le Sourire africain" Patricia Billard
Jeunesse
Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.
Andrée Chedid ("Poèmes pour un texte 1970-1991")
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vous remercient de votre visite.