C'est un très court poème japonais qui exprime une pensée, une émotion face à l'évanescence des choses. Le haïku évoque en général une saison.
Il est composé de trois vers de cinq, sept et cinq pieds (mores) avec une césure.
Cela paraît bien compliqué et toutes les huit réunies en atelier, nous n'en menions pas large. Serions-nous à la hauteur du défi qui nous était lancé ?
Saurions-nous exprimer nos sentiments à travers cet exercice ?
Un vieil étang
La grenouille plonge
Ploc le bruit de l'eau
Matsuo Basho (1644–1695)
Sylvie Turlais qui animait l'atelier, nous a tout de suite mis à l'aise en nous expliquant l'histoire et la technique de l'haïku, en nous donnant de nombreux exemples qui vont de l'esthétisme jusqu'au burlesque.
Bref, après quelques minutes, nous nous sentions prêtes à écrire.
Sylvie nous a présenté une photo, la même pour tout le monde, et nous avons produit nos premiers haïkus. Nous avons lu chacune nos poèmes. Et voilà que nous regardions nos comparses avec un regard différent. Elles avaient su, par leur écrit, toucher notre sensibilité.
C'est toute la subtilité de cet objet littéraire, en très peu de mots, il sait faire vibrer la corde sensible chez l'auditeur.
Car l'haïku se déclame, aussi bien que toute poésie, et même encore plus.
Nous avons continué notre séance en ayant chacune une photo différente, toujours autour de l'hiver puisque c'était le thème de cette matinée. Ensuite, nous avons dû composer un haïku à trois mains, exercice un peu plus difficile, mais assez amusant, chaque vers prenant des directions surprenantes.
Sylvie a prolongé la matinée par la lecture d'un texte de sa production, relativement long, que nous avons dû réduire à la forme d'un haïku.
Et quand nous nous sommes enfin quittées, nous avions toutes trouvé la séance trop courte, chacune demandant à ce que nous reprogrammions un nouvel atelier.
Illustration : estampe japonaise de Kawase en 1931
Quelques exemples de notre production :
Tiens voici l'hiver
Silence oiseau surpris
La mare est prise
Ciel chargé vent froid
Hommes et bêtes tremblent
Et cherchent leurs proies
Sous un ciel plombé
Sur mon île flottante
Les reflets explosent
Dans cette errance
Je vois tous les possibles
De ma solitude
Un refuge pointe
Possibilité d'une île
Le rêve arrive
Givre ivresse du blanc
Le soleil a ombré mes pas
J'irai vainqueur
Densité du vide
Blanc sur bleu les flocons tombent
La maison noire vibre