Nocturne d'un chauffeur de taxi : Nouvelles coréennes - KIM Ae-ran

Couverture Nocturne d'un chauffeur de taxiGenre majeur en Corée, la nouvelle est certainement le meilleur chemin pour découvrir une littérature et un pays méconnus. Publiés au cours de la dernière décennie, les textes réunis dans cette anthologie mettent en perspective les aspects les plus intimes d'une société dont nous ne connaissons généralement que les succès les plus flatteurs - pour ne pas dire les plus trompeurs. Les auteurs représentés ici nous renvoient une image sans complaisance de leur monde comme il va. Le travail à la chaîne est stigmatisé avec un humour féroce dans La fabrique de conserves ; le quotidien éprouve durement les héros de Nocturne d'un chauffeur de taxi ; le foyer pèse de tout son poids dans La maison en Lego ; les liens familiaux se délitent dans Semailles ; les on-dit gangrènent une petite ville dans Rumeurs ; l'immigration est questionnée dans Bonne année à tous ; le couple vit l'enfer et se désagrège dans Mon mari, tandis qu'il chemine avec poésie vers la mort dans Neuf épisodes... Dix histoires qui sont autant de fenêtres sur la Corée d'aujourd'hui.

Biographie de l'auteur

Collectif : Kim Ae-ran, Baek Ka-hum, Ahn Yeong-sil, Jo Kyung-ran, Park Chan-soon, Kim Yeon-su, Choi Jin Young, Han Kang, Yoon Sung-hee, Pyun Hye-young

Date première édition: avril 2014

Editeur: Philippe Rey

Genre: Nouvelle

Mots clés :

Notre avis : 0 / 10 (1 note)

Enregistré le: 27 juin 2016



Michel-Henri
Appréciation de lecture
Nocturne d'un chauffeur de taxi : Nouvelles coréennes
Appréciation : / 10
Commentaire #1 du : 02 juillet 2016
Ce que j'en pense :

Toutes ces nouvelles bien que d'auteur(e)s différents, sont un peu toutes dans la même veine. Nous sommes plongés tout au long dans une ambiance dépressive. C'est peu dire que les protagonistes de ces nouvelles expriment un mal être profond. Ils sont tous en désunion avec le monde où ils vivent. De rares éclaircies quand nous nous retrouvons quelquefois dans la campagne, la nostalgie d'un temps révolu se fait alors poésie.
Ce qui m'a le plus marqué c'est leur solitude à tous. Il sont seuls même vis à vis de leur proche… et ils ne comprennent pas où est la faille. Dans la nouvelle « Neuf épisodes », le chapitre « le temps » a un ton un peu différent on y ressent toute la tendresse d'un couple ayant parcouru un long chemin ensemble.
J'ai beaucoup aimé aussi « la maison en Lego ». La narratrice nous décrit son quotidien fait de résignation, la transgression du vol de livres est sa seule échappatoire. « Semailles » aussi est très intéressant, il fait voir ce que deviennent les rêves des laissés pour compte.

L'ensemble de ces nouvelles peint un monde loin des clichés de la réussite économique tant vantée en occident. Les acteurs de cette société ne sont pas des tigres mais des rouages d'une machine à broyer l'humain. Abondance ! Peut-être, mais elle ne suffit certainement pas à combler le cœur des coréens.

Citation :
«Mon père avait passé sa vie à exécuter toutes sortes de travaux physiques. Il avait certainement caressé de grands rêves, mais n'avais jamais pu les réaliser ni même s'en approcher. Il avait été, à une époque, celui que me protégeait du soleil et des intempéries. Comme en ce jour où nous venions d'incinérer mon mari et mon enfant, morts le même soir à la même heure dans un accident de la route. Alors que nous redescendions de la montagne il s'était arrêté et, le visage tourné dans la direction d'où venait le vent, il m'avait dit : « Tout est bien qui fini bien. » Des mots qui me parurent absurdes. J'eus l'impression qu'il me reprochait d'être de nous trois la seule survivante. J'aurais voulu m'enfoncer dans le ventre le bâton que je tenais à la main. Plus tard j'appris que c'était ce que l'on disait dans son pays natal quand on venait d'enterrer un enfant » (Semailles page 93).

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