Le Musée de la Toile de Jouy se trouve à Jouy-en-Josas (78).
Quelques kilomètres plus loin, après le traditionnel et convivial pique-nique, nous nous rendons au Château de l'Eglantine, qui abrite depuis 1991 le musée municipal de la toile de Jouy.
Le musée de la Toile de Jouy a été créé afin de faire renaître dans les mémoires la célèbre « Manufacture des Toiles de Jouy », fondée en 1760 par l’entrepreneur et imprimeur Christophe-Philippe Oberkampf.
Le musée est depuis 1991 à son emplacement actuel au Château de l’Églantine, écrin du musée. Il a
été reconstruit par Alfred Vaudoyer en 1891-1892, qui était l’un des membres d’une dynastie d’architectes inaugurée par Antoine Laurent (1756-1846), pensionnaire de l’Académie de France à Rome.
Un parterre de fleurs en bandes horizontales, oeuvre du plasticien Jean-Max Albert, évoque devant l’entrée du musée des toiles étendues dans les prés, en train de blanchir, donnant ainsi une idée du foisonnement de couleurs qui devait alors couvrir les prairies.
Ce musée est consacré aux toiles imprimées que fabriquait la manufacture Oberkampf, très à la mode au 18ème siècle. Les principaux pigments étaient les racines de garance (rose-rouge), la gaude (jaune) et l'indigo (bleu). Les sels métalliques entrent dans le procédé d'impression pour fixer les couleurs.
Nous y découvrons le matériel d'impression et comment il évolue, des planches de bois aux plaques puis rouleaux de cuivre, les produits de teinture utilisés pour imprimer ces toiles de 1760 à 1843.
Les toiles de Jouy comptent 30 000 motifs différents, ce ne sont pas uniquement des personnages romantiques en camaïeu de bleu ou rose, des motifs floraux, des scènes mythologiques ou retraçant des événements historiques (mongolfière 4eme photo ) ou encore Oberkampf lui-même (3eme photo).
Il fallait entre 4 à 6 mois pour créer une toile de Jouy. Trois étapes importantes : préparation de la toile de coton, ensuite impression de la toile (mordant et un passage par couleur) et enfin finition et retouches par les "pinceauteuses".
Christophe Philippe Oberkampf, né dans une famille de teinturiers dans le Wurtemberg, se révèle très tôt particulièrement doué. Il part d’abord à Mulhouse puis est embauché à Paris. Là, il est coloriste dans les ateliers d'indiennes du fabricant Cottin. Bien que très jeune, il a 22 ans, il est très économe, très sérieux, très rigoureux, (est-ce dû à sa religion protestante ?) et devient ami avec un garde du roi.
Il sera novateur, avec lui on peut déjà parler d’industrie plutôt que de manufacture.
Il voyage dans toute l’Europe et rapporte les idées de ces concurrents qu’il exploite avec succès. Il s’entoure de bons dessinateurs, par exemple Huet, il salarie à l’année ses employés ce qui est une manière de les fidéliser à une époque où ils étaient payés au mois.
A la fin du XVIIe siècle, l’Europe découvrait et adoptait les belles cotonnades peintes de fleurs et d’animaux aux couleurs vives, importées de l’Inde grâce aux grandes compagnies de navigation, d'où le nom d'indiennes.
Mais la concurrence sévère faite aux manufactures traditionnelles de soie et de coton amena Louis XIV à décréter l’interdiction d’importation et fabrication dans tout le pays. En 1759, avec la levée de cette interdiction, de nombreux étrangers, devenus seuls possesseurs du savoir-faire en la matière, s’installèrent en France.
Parmi eux, Christophe-Philippe Oberkampf, graveur et imprimeur du Wurtemberg, s’installa à Jouy en-Josas qui a été choisie pour la qualité de son eau (la Bièvre).
Oberkampf bénéficia de la proximité de la Cour de Versailles, passa au travers de la tourmente révolutionnaire, connut une prospérité étonnante sous le Consulat. En revanche, son entreprise subit de plein fouet la chute de l’Empire.
Jouy-en-Josas qui était alors un village devint un bourg que la fermeture de l’usine aurait ruiné si le goût de la villégiature n’avait attiré dès le milieu du XIXe siècle, une population nouvelle.
C'est une formidable aventure humaine d'un "petit" imprimeur sur tissu, anobli, devenu patriarche-entrepreneur, qui a dirigé aux heures les plus glorieuses de son industrie jusqu'à 1300 ouvriers.
D'origine allemande, naturalisé français après 10 ans de résidence en France, Oberkampf obtient pour sa manufacture le titre de manufacture royale et traverse la Révolution.
Nommé maire de Jouy en Josas en 1790, en 1806, Napoléon lui décerne la légion d'honneur !
De quoi inspirer romanciers et scénaristes !
Fin de cette "chaleuseuse" journée avec l'exposition ARTEXTURES
http://www.museedelatoiledejouy.fr/fr/exposition-artextures-10eme-edition/
Pour aller plus loin, cliquez sur les liens ci-dessous :
Esclarmonde Monteil, « Toiles peintes, teintes, imprimées ». Pratiques picturales : Peindre n’est (-ce) pas teindre ? , Numéro 03, décembre 2016. : http://pratiques-picturales.net/article31.html
C'était notre 10eme sortie Maison d'écrivain.
vous remercient de votre visite
A très bientôt !