Les ignorants : Récit d'une initiation croisée - DAVODEAU Étienne

Couverture Les ignorants : Récit d'une initiation croiséeUn vigneron chez Jean-Pierre Gibrat ou chez Emmanuel Guibert, et un auteur de bande dessinée dans la vigne : mais qui sont-ils ? Deux ignorants ! Comment, pourquoi, et pour qui faire des livres ou du vin ? Les réponses à ces questions forment le récit vivant et joyeux d'une initiation croisée.

Biographie de l'auteur

Étienne Davodeau est né en 1965. Il vit en Anjou. En 1985, après des études d'arts plastiques à Rennes, il publie la trilogie Les Amis de Saltiel puis Le Constat. Viennent ensuite Quelques Jours avec un menteur, Le Réflexe de survie, et trois polars : La Gloire d'Albert, Anticyclone et Ceux qui t'aiment.
2001 : il réalise Rural !, véritable reportage, où il confirme son choix d'inscrire le monde réel au coeur de son travail. En 2003, avec David Prudhomme au dessin, il adapte en bande dessinée l'unique et méconnu roman de Georges Brassens, La Tour des miracles. Après avoir publié Chute de vélo, qui obtient le Prix des libraires spécialisés 2005, il revient au reportage-documentaire avec Les Mauvaises Gens, qui reçoit le Grand Prix 2006 de la Critique, le Prix France Info, puis à Angoulême le Prix du Scénario et le Prix du Public. En 2006, il publie, avec Kris, Un homme est mort. Le premier livre de Lulu femme nue a obtenu, en 2009, un Essentiel au Salon International d?Angoulême, le Prix Ouest-France/Quai des bulles, le Prix Bédélys au Québec et le Prix Saint-Michel en Belgique. Le second livre de Lulu a été publié en 2010.

Date première édition: octobre 2011

Editeur: Futuropolis

Genre: Bande dessinée

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 23 avril 2018



Michel-Henri
Appréciation de lecture
Les ignorants : Récit d'une initiation croisée
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 23 avril 2018
Résumé :
Par un beau temps d'hiver, deux individus, bonnets sur la tête, sécateur en main, taillent une vigne. L'un a le geste et la parole assurés. L'autre, plus emprunté, regarde le premier, cherche à comprendre "ce qui relie ce type à sa vigne" et s'étonne de "la singulière fusion entre un individu et un morceau de rocher battu par les vents". Le premier est vigneron, le second auteur de bandes dessinées. Qu'ont-ils donc en commun? Pendant un an, Étienne Davodeau va goûter aux joies de la taille, du décavaillonnage, de la tonnellerie ou encore s'interroger sur la biodynamie. Richard Leroy, de son côté, va découvrir des livres de bande dessinée choisis par Étienne, rencontrer des auteurs comme Emmanuel Guibert et Jean-Pierre Gibrat, participer à des salons de bande dessinée, ou encore visiter la maison d'édition Futuropolis. Étienne et Richard échangent leurs savoirs et savoir-faire, mettent en évidence les points que ces pratiques (artistiques et vigneronnes) peuvent avoir en commun. Au bout du compte, l'un et l'autre répondent à ces questions : comment, pourquoi et pour qui faire des livres ou du vin?…

Ce que j'en pense :
Un « vis ma vie » qui donne envie. Loin des feux de la rampe de je ne sais quelle émission de télé réalité ou de méthodes de management à la mode pour des entreprises en mal de ressources humaines, ce livre nous emmène par les chemins de l’amitié à la découverte réciproque de deux métiers aussi éloignés l’un de l’autre que dessinateur de bandes dessinées et vigneron. Une aventure en soi, raconté avec beaucoup de finesse et d’humour, le narrateur ne nous assène pas des vérités, il fait parler le vigneron et lui fait dire qu’il y a des choses qui marchent dans la nature, on ne sait pas pourquoi et qu’il faut écouter le vivant avec son cœur, l’écouter et l’interroger. Le dessinateur, narrateur et personnage, vient découvrir un univers ancien fait de savoir-faire ancestral et se moque gentiment de lui-même, il sait que l’auto persuasion ça existe mais il est prêt aussi à accepter parce qu’il a confiance en son ami. Le vigneron lui aussi au départ avoue qu’il n’y connaît pas grand-chose en bédé et il ne se sent pas compétent pour donner son avis mais son camarade lui fait comprendre que c’est son propre regard qui compte, le seul devoir qu’il a c’est de ne pas fermer son esprit.
Et l’on s’aperçoit que le processus de création que ce soit d’un vin ou d’un livre n’est pas si différent. Il doit y rentrer beaucoup d’amour et beaucoup d’humilité
Cette bédé est une très belle découverte et une belle leçon d’amitié, à lire sans modération.

Citation :
« Quelques jours plus tard, nous passons à proximité d’un gars qui désherbe ses vignes chimiquement. Je ne peux pas m’empêcher de constater que…
- C’est quand même vachement moins fatigant que votre technique, hein ?
- Tu as remarqué ? Dans sa cabine, avec sa combinaison et son masque, aujourd'hui, ce mec-là ne va sans doute toucher ni sa terre ni sa vigne. La proximité physique et donc mentale, du vigneron avec son travail… Pense à ça quand tu bois ton vin. »

« Se chamailler sans fin au sujet des vins bus et des livres lus ... [...] C'est le moment où la mauvaise foi est la bienvenue, si elle contribue à la vigueur des débats. Peut-être que ça sert aussi à ça, le vin et les livres : s'engueuler tranquillement. »

« La première chose qui frappe quand on entre dans son grand atelier, c’est la présence d’un lit.
- C’est pour la sieste ?
- Tu rigoles ? C’est pour écrire ! Moi, j’écris couché.
- Ah le beau métier… »

« Pourquoi un livre rencontre ou pas ses lecteurs ? Qu’est-ce qui fait la valeur d’un auteur ? C’est très mystérieux hein ! Moi, j’aime bien les livres et les auteurs qui ont une identité forte et je crois que ce qui fait notre identité, c’est entre autres, nos défauts. On doit les comprendre et les accepter. C’est comme une gueule : un visage prétendument sans défaut, c’est fade, ça emmerde tout le monde »

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