Convoi pour Samarcande - IAKHINA Gouzel

Couverture Convoi pour Samarcande

Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d'évacuation pour sauver les enfants. 
C'est l'un de ces trains que l'officier de l'Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu'il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu'à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d'abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l'Oural, puis les déserts d'Asie centrale. Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent – héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l'infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s'élevant contre les crimes de l'État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption.

Biographie de l'auteur

Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie). Née dans la famille d'un médecin et d'un ingénieur, elle a étudié l’anglais et l’allemand et est diplômée de la faculté de langues étrangères de l'Institut pédagogique d'État de Kazan.
À partir de 1999, elle vit à Moscou, et travaille dans le domaine des relations publiques, de la publicité et du marketing. Elle est diplômée du département de scénarisation de l'École de cinéma de Moscou (2015).
Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme "Neva" ou "Oktiabr". "Zouleïkha ouvre les yeux"  (2015) est son premier roman. En avril 2018, ce premier roman a déjà été traduit dans 20 langues.
"Les enfants de la Volga" (2020) a obtenu le prix du Meilleur livre étranger 2021.
Elle vit aujourd’hui à Moscou, avec son mari et sa fille.

Date première édition: août 2023

Editeur: Noir sur Blanc

Genre: Roman , Roman historique

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 17 décembre 2023



Marinette
Appréciation de lecture
Convoi pour Samarcande
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 18 décembre 2023
Comme dans son 1er roman « Zouleïkha ouvre les yeux », Gouzel Iakhina revisite un pan de l’histoire soviétique.

Pour son 3ème ouvrage, sélectionné pour le prix Médicis 2023, nous sommes plongés dans les années 20, où après la guerre civile, c’est la famine qui fait rage. L’occasion pour Dieïev, officier de l’armée rouge, d’un parcours initiatique et rédempteur de six semaines. Il prend en charge, avec une commissaire du peuple, Blanche, et un infirmier du nom de Boug, à bord d’un train de fortune, cinq cents orphelins, de Kazan à Samarcande, terre d’abondances.

Trois personnages, « cabossés » par la vie.
En s’appuyant sur des travaux d’historiens, l’auteure ne nous épargne aucun détail sur le quotidien de cet épisode tragique, sur les extrémités auxquelles sont conduits les êtres humains pour survivre, se nourrissant de poux et de racines, sans oublier les aberrations inhérentes à la guerre civile et les premières collectivisations. Mais on retrouve dans cette « guirlande », la poésie et l’onirisme liés à l’enfance, la tendresse d’une nurse, sa berceuse, les surnoms que se donnent les enfants, leurs chastes mariages, leur ingéniosité…
Si j’ai préféré le premier roman, un peu lassée par le chemin semé d’embûches de Dieïev, cette auteure se révèle encore une fois une conteuse hors du commun.

EXTRAIT :
« N’ayant aucune possession, même pas des habits ou des chaussures, privés de parents et de maison, et souvent même de souvenirs d’enfance, les enfants n’étaient maîtres que d’une chose : la langue. C’était leur richesse, leur patrie et leur mémoire. Ils l’inventaient. Ils y mettaient tout ce qu’ils avaient trouvé en chemin. Dans les mots rares, ils conservaient le souvenir de rencontres avec des inconnus venus de loin. Et ils ne laissaient pas les adultes entrer sur ce territoire.
On ne pouvait pas perdre sa langue pendant les errances. Les voyous plus âgés ne pouvaient pas vous l’enlever, ni les voleurs nocturnes. La langue ne s’usait pas comme les chaussures, ne perdait pas ses couleurs comme les habits de corps, et devenait chaque jour plus riche et plus expressive. Elle se soumettait et obéissait à son maître. Et surtout, elle ne trahissait pas, et restait toujours avec vous ».

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