Avec cette neige grise et sale - CHOE Yun

Couverture Avec cette neige grise et saleAu temps de sa jeunesse, durant un hiver de souffrance et de solitude, en vendant des livres interdits, l'étudiante Kang a fait la connaissance d'An, un imprimeur contestataire. Puis elle a surpris le secret de son engagement et, presque tacitement, s'est mise au service de la " cause ". Mais tout a basculé. Vingt ans plus tard, anonyme, misérable, tandis que ses " amis " occupent des places enviables, elle se souvient et raconte...
Ch'oe Yun est un des talents les plus exceptionnels de la littérature coréenne. Sa parfaite connaissance de notre langue et de notre culture lui confère, à l'égard des modèles narratifs occidentaux, une distance en même temps qu'une connivence singulières. Etincelant et désespéré, son roman brûle d'une passion universelle sans rien perdre de cette identité et de cette " voix " qui lui valent désormais dans son pays, après six années d'écriture seulement, une reconnaissance d'une rare précocité.

Biographie de l'auteur

CHOE Yun ou Ch'oe Yun, née le 3 juillet 1953 à Séoul en Corée du Sud, est une auteure sud-coréenne et professeure de littérature française.

Date première édition: février 1992

Editeur: Actes Sud

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 0 / 10 (1 note)

Enregistré le: 12 juillet 2016



Michel-Henri
Appréciation de lecture
Avec cette neige grise et sale
Appréciation : / 10
Commentaire #1 du : 12 juillet 2016
L'art de la concision au profit de l'intrigue ! Ce roman eut-il été plus long, plus descriptif, moins elliptique qu'il aurait perdu beaucoup de son sel. Là nous avons le télescopage entre deux rythmes : Un rythme long, battu par une vie sans éclat, la pauvreté chronique, la répétition d'un travail sans passion, un tempo rapide contre ponctuant le précédent et fait d'éléments perturbants et soudains comme la découverte d'un article annonçant la mort de la narratrice, l'irruption de la police.

Kang devient peu ou prou la compagne de lutte des révolutionnaires mais elle n'est jamais dans leur constellation tout à fait car au fond d'elle-même elle sait que l'espoir qu'elle voit poindre n'est au mieux pour elle que le moyen de continuer de vivre un peu, de survivre. Sans cette drogue dixit la narratrice comment ne pas sombrer complètement. Nulle part n'est évoqué l'espoir d'un monde meilleur, ça n'existe même pas.
Le seul article qu'elle évoque comme en étant l'auteur est intitulé « Réflexions sur l'a-historicité de l'aliénation nommée pauvreté ». Elle n'est donc pas dupe du combat auquel elle participe. Après la lecture d'un ouvrage, bréviaire des révolutionnaires, dont ne nous connaîtrons pas le titre mais qui dit mieux par l'article qu'il suscite chez Kang, son contenu c'est là sa réaction : dire que la pauvreté n'est pas quelque chose que l'on peut appréhender et vaincre dans un processus révolutionnaire mais quelque chose d'inévitable, quelque chose qui constitue la trame de l'existence humaine. Il faut bien entendu entendre le mot pauvreté dans toute son acceptation, pauvreté matériel et pauvreté morale.
La chute du livre annoncée dès le début ne nous rend pas plus optimiste. Kang en donnant son passeport à une inconnue accomplissait un acte gratuit, mais même cet acte n'a pu infléchir le destin. L'inconnue a été sauvée des griffes de la police politique mais c'était pour aller mourir de faim à Central Park.

Citation :
«De ce pas, j'aurais pu rentrer chez moi. Mais mon corps était déjà enveloppé par l'air chaud et embrumé. Ah, c'est donc ainsi que les gens fabriquent leur propre destin ! Devinant à peu près la catastrophe à venir, il se laissent passivement aller à des ordres impérieux, comme s'il s'agissait d'une distraction momentanée. C'est sans doute ainsi qu'ils déplacent les aiguilles de la boussole de leur vie. Mais cela aussi c'est un choix… » (page 27)

Ecrire un avis de lecture

  • Les champs obligatoires sont marqués avec une *.

Si vous avez des difficultés à lire le code, cliquer sur le code lui-même pour en générer un nouveau.
Recopier le code de sécurité :