Sa préférée - JOLLIEN-FARDEL Sarah

Couverture Sa préférée

Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa sœur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l'assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence. Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l'École normale d'instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa sœur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice. Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d'apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu'elle s'accorde. Habitée par sa rage d'oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d'êtres bienveillants que sa sauvagerie n'effraie pas, s'essayant même à une vie amoureuse. Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s'invite. Sa préférée est un roman puissant sur l'appartenance à une terre natale, où Jeanne n'aura de cesse de revenir, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n'avoir su la protéger de son destin.

Biographie de l'auteur

Sarah Jollien-Fardel, née en  1971, est une écrivaine suisse.
Elle a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine avec son mari et ses deux fils. Devenue journaliste à plus de trente ans, elle a écrit pour bon nombre de titres. Elle est aujourd’hui rédactrice en chef du magazine de libraires Aimer lire.
Sarah Jollien-Fardel reçoit le Prix du Roman Fnac pour "Sa préférée".

Date première édition: août 2022

Editeur: Sabine Wespiese

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (9 notes)

Enregistré le: 27 septembre 2022



Félicie
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #9 du : 30 novembre 2022
Dès les premières pages, on est oppressé par l'ambiance de ce roman qui décrit la vie d'une famille dans le canton du Valais : le père, violent et alcoolique, la mère, soumise, Emma la grande sœur, et Jeanne.
Jeanne raconte la cruauté du père, qui martyrise au quotidien sa femme et ses deux filles, le silence des voisins et des villageois, et même du médecin.
Tous savaient. Tous ont fermé les yeux malgré les appels au secours vite étouffés.
Jeanne parviendra, un temps, à s'extraire de ce milieu, mais à quel prix. Traumatisée à jamais, elle ne verra pas les mains tendues, n'entendra pas les mots de tendresse, pas plus qu'elle ne trouvera la force de se pardonner et de s'aimer.

"... je reprends mon souffle dans cette ville que j'ai aimée au premier élan, je repousse ma famille dans les recoins de ma tête et de ma vie..."

"... Notre misère familiales venait d'ailleurs, dans les agissements violents et l'inculture paternels, dans l'obscénité verbale, dans la fermeture d'esprit..."

Une écriture sensible et efficace, on entend ce que l'auteur n'écrit pas. Un premier roman réussi.
Geneviève
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 7.5 / 10
Commentaire #8 du : 28 novembre 2022
Roman dur sur la violence que fait subir ce père à sa femme et ses filles et pourquoi tout le monde dans le village est au

courant de cette violence mais personne ne fait rien pour arrêter cette folie .

Comment peut on se reconstruire après un tel traumatisme ?
CORRE CATHERINE
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 8. / 10
Commentaire #7 du : 27 novembre 2022
Un livre dur qui vous transperce de la première page à la dernière
un livre sans concessions et qui explique avec pertinence les conséquences d'une enfance maltraitée.
Ce père, un monstre total, comment pourrait on lui pardonner?
On assiste au silence des adultes , à leur lâcheté, souvent fréquents dans ces situations.
Heureusement il y a la littérature el la complicité avec sa mère: "je réalisais que grâce à mes lectures, des liens s'étaient tissés malgré moi"
Un roman touchant, qui sonne juste.
A lire
Claudine
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 6 / 10
Commentaire #6 du : 24 novembre 2022
Livre rude mais qui sonne juste quant au "calvaire" enduré par Jeanne.

Comment guérir ?

On n'oublie pas une enfance malheureuse qui n'a fait objet d'aucun soutien de la part de ceux qui savaient.
Michel G.
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #5 du : 23 novembre 2022
Récit à la première personne. Jeanne raconte son histoire.
Facile à lire, peu de dialogues.
Début très dur, un père ignoble, un médecin lâche et des vies qui basculent.
Gislaine
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #4 du : 23 novembre 2022
C'est un 1er roman coup de poing !

On ne peut pas dire qu'on aime un roman aussi dur !
Des phrases courtes et un ton incisif pour décrire une enfance maltraitée, un père destructeur et malsain.

Sans dévoiler la fin, peut-on sortir indemne d'une enfance malmenée ?

Un roman percutant !

Extrait :
Je ne suis pas n'importe qui. Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa sœur, je suis la fille d'un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n'écoute pas sa compagne lui dire : « Fais la paix. »
Je suis la femme sans rémission.
Marie-Claire
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #3 du : 23 novembre 2022
C’est un livre fort sur la violence d’un père, l’enfance brisée, la lâcheté des villageois qui savent mais n’interviennent pas, en particulier le médecin.
C’est un livre noir ,sans espoir. Le père est un monstre qui ne peut pas être pardonné, aucun des personnages n’en sortira indemne ,même Jeanne qui est la seule à s’échapper pour tenter de vivre sa vie.
Une belle écriture qui sonne juste pour un sujet douloureux et qui laisse le lecteur oppressé.
Michel-Henri
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 9.5 / 10
Commentaire #2 du : 21 novembre 2022
Voici un roman qui vous prend aux tripes de la première phrase au dernier mot. Pas de répit dans la description de cet enfer familial. Tout y est ! Pas de temps morts si ce n'est quelques moments où l'héroïne semble oublier de son destin mais c'est pour mieux qu'il la rattrape et lui jette en pleine face l'inanité de ses efforts pour échapper à son enfance.
Pour le lecteur c'est éprouvant, il doit boire jusqu'à la bourbe cette description du mal absolu. Nous sommes en apnée ; nager comme Jeanne pour fuir ce mal qui nous rattrape inexorablement.
Peut-on échapper à de tels traumatismes ? Certaines lectures nous suggèrent que la parole est libératrice, que mettre les mots sur ce qu'on a subi permettra sinon de guérir mais au moins de survivre. Ici au contraire rien ne semble pouvoir être guéri. La sœur de Jeanne ne trouve que le suicide comme porte de sortie, sa maman s'est enfoncée dans son malheur jusqu'à s'y annihiler. L'héroïne seule nous paraît avoir suffisamment de force pour se reconstruire. Cependant nous comprenons très vite que cette reconstruction n'est que de façade. La rage qu'elle a dû déployer pour survivre l'a éparpillée. Jeanne est la survivante d'une guerre qu'elle a gagnée au prix le plus fort. Le combat était trop dur et l'a laissée exsangue. Elle doit vivre dissociée, d'un côté sa vie sociale, faire semblant d'être aux autres, d'être aimée, d'aimer et puis de l'autre ce monstre qu'elle croit être elle et qui n'est que la boule de haine envers son père. Celle qui finira par la manger.
Outre la profondeur du texte qui ne fait pas de concession, qui veut décrire jusqu'au bout les conséquences des violences faites aux enfants, il y a les indéniables qualités littéraires. Le style est simple, sans fioriture presque clinique, complètement au service de son sujet.
Marinette
Appréciation de lecture
Sa préférée
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 15 novembre 2022
L'essentiel du roman se passe dans un village valaisan, auquel la narratrice semble très attachée et situé à une centaine de kilomètres de Lausanne, dans les années 70.

Un style direct, abrupt pour rendre compte de la violence perverse du père alcoolique qui détruira sa famille : sa femme et ses 2 filles. Des formules choc : " ma colère, compagne éternelle, éventrait mon estomac."

Un médecin, fut-il lâche, qui ne réagit pas à la demande d'aide d'une enfant victime des coups de son père me paraît invraisemblable. Qu'il tente de se racheter en payant des études en internat à cette même fillette, sans pour autant tenter de sortir de l'emprise la mère, elle aussi, victime, sous l'œil indifférent des voisins, me paraît également difficilement crédible.

Il reste que le roman décrit de façon particulièrement percutante à quel point l'enfance de Jeanne l'a broyée, comment son combat pour survivre restera vain, malgré l'appui d'un psy, l'appui de son amour pour Marine, puis de Paul. C'est plus un roman coup de poing qu'un roman coup de cœur : Jeanne ne guérira pas de son enfance.

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