Rivesaltes : Un camp en France - MONNIER Alain

Couverture Rivesaltes : Un camp en France

Créé en 1938, le camp de Rivesaltes a d'abord "hébergé" des Républicains espagnols, puis des tziganes et des juifs, ensuite des prisonniers allemands, enfin des harkis. Pourtant, l'auteur s'attache surtout aux années 1941-1942: non parce qu'il ignore la souffrance des autres "hôtes" du camp, mais parce que, né à quelques dizaines de kilomètres, il n'a jamais, de toute son enfance, entendu parler des juifs partis de Rivesaltes vers Drancy, puis Auschwitz. C'est à l'âge adulte qu'il découvre fortuitement les lieux et cette vérité. Ainsi, au fil des images surgies des vestiges du camp, pensant aux victimes, il nous donne à partager sa quête intime d'une mémoire si difficile à appréhender :

" Il suffirait d'un froissement du temps pour qu'ils arrivent un à un, avec leur manteau usé, leurs chaussures en lambeaux, raccommodées avec des herbes séchées. Cette petite fille aux cheveux noirs et courts continue à avancer sur son chemin, elle s'efface soudain, emportée par une bourrasque plus forte. Tout est désert. Cette fillette est pour-tant là. Je la sens. Elle est dans ce lieu. "

Collection "Terre de mémoire"

Biographie de l’auteur

Alain Monnier, nom de plume de Alain Dreuil né en 1954 à Narbonne, dans le département de l'Aude, est un écrivain français.


Date première édition: août 2002

Editeur: La Louve

Genre: Reportage

Mots clés :

Notre avis : 7.80 / 10 (5 notes)

Enregistré le: 17 septembre 2009



LOUANCHI
Appréciation de lecture
Rivesaltes : Un camp en France
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #5 du : 02 juin 2013
HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.


Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
Calou
Appréciation de lecture
Rivesaltes : Un camp en France
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #4 du : 24 mars 2010
8ème ouvrage de la collection terre de mémoire, La Louve Editions.

Publié en 2008, cet ouvrage relate une journée de l’auteur passée dans le camp de Rivesaltes à la recherche d’impressions et de réflexions sur la période de la 2ème guerre mondiale.

En effet, Rivesaltes a été centre national de rassemblement des juifs pendant cette période, 400 sont partis de Rivesaltes pour les camps de Drancy et d’Auschwitz. Dans ce camp, pas de trace, pas de stèle, aucun mot qui rappelle cette période, il n’est possible que d’imaginer.

J’ai trouvé cet ouvrage utile, nécessaire car en parler c’est ne pas oublier. De plus, le style de l’auteur est agréable.
Dernière édition : 24 mars 2010, 13:41:19 par gislaine  
Jérémie
Appréciation de lecture
Rivesaltes : Un camp en France
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #3 du : 02 novembre 2009
L'auteur a vécu son enfance près de ce camp à l'écart des routes touristiques. Il passe une journée de souvenirs dans ce camp abandonné mais presque intact et imagine la vie de ces prisonniers tenaillés par la faim et pressés par leurs bourreaux. Cela lui donne l'occasion, non de régler des comptes comme cela se fait trop souvent aujourd'hui, mais de tenter d'expliquer ce qui mène un homme à ne plus regarder dans les yeux un autre homme au point de tricher sur les quantités de nourriture qu'il lui doit. L'auteur met en lumière les mécanismes d'une administration française zélée qui s'empresse d'accomplir son "devoir", avec le sentiment du travail bien fait à la fin de la journée. Rien de joyeux donc, mais un récit émouvant , une prouesse d'élégance dans l'émotion qui montre toute l'étendue du talent de Monnier.

En tant que bibliothécaire, je pense acheter les autres titres de la collection "Terre de mémoire" sous laquelle est publié ce livre.
Michel-Henri
Appréciation de lecture
Rivesaltes : Un camp en France
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #2 du : 08 octobre 2009
Pour paraphraser Georges Clémenceau qui prétendait que « la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires », pourrait-on dire que l'Histoire est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls historiens ? Je serais tenté de l'affirmer après avoir lu ce court récit. Court certes, mais d'une grande densité littéraire et émotionnelle.

Ici pas de description minutieuse d'un lieu ou d'évènements. Non, simplement une suite de huit petits chapitres ou plutôt de huit scènes qui suivent en fait l'itinéraire - l'errance ? - du narrateur-auteur à travers le camp de Rivesaltes.

C'est une leçon d'humanité bien sûr mais c'est aussi une leçon de littérature. On se rend compte, à suivre Alain Monnier qu'il s'est minutieusement documenté sur son sujet. Derrière les fantômes qu'il rencontre au cours de son périple on devine le rapport administratif, la liste d'appel ou encore la photographie pêchés dans les fonds d'archives. Mais là où l'historien se serait contenté d'une description circonstanciée, l'écrivain nous amène sur son terrain. Il nous fait rencontrer l'émotion non pas l'émotion indicible des victimes mais celle du narrateur.

En lisant cet ouvrage on comprend enfin ce que signifie vraiment l'expression « devoir de mémoire » si souvent galvauder. Car c'est bien un dû que l'auteur donne aux victimes. A la culpabilité (involontaire) de l'enfant de France qui ignorait tout de cette histoire tragique, il substitue la responsabilité de l'homme mûr qui pour lui, pour les générations à venir, pour l'humanité tout simplement, rend plus qu'un hommage à ceux de Rivesaltes. Il leur redonne vie par son art.

Extraits :
« … la compassion n'est pas une affaire d'absolu. Elle est entre celui qui souffre et celui qui est devant lui. Là et pas ailleurs, dans les yeux qui se croisent, il n'y a pas de décrets ou de lois qui tiennent. L'humanité est entre deux hommes. Il ne s'agit pas d'être des saints. On peut comprendre les difficultés qui entravent le bon geste, ou empêchent les mains de se tendre, mais point qu'on inflige, vole, profite, rabaisse un plus faible, plus misérable, par intérêt, avarice ou luxure. Là passe l'invisible frontière... » (P. 48)

« J'ai besoin de ces stèles sur le bord de ma route » (p.78)
Dernière édition : 09 octobre 2009, 12:04:11 par gislaine  
Gislaine
Appréciation de lecture
Rivesaltes : Un camp en France
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #1 du : 02 octobre 2009
Résumé :

Alain Monnier découvre l'existence du camp de Rivesaltes, où ont été successivement détenus, des Républicains espagnols, puis des Tziganes et des Juifs et aussi des Harkis, alors qu'il a passé toute son enfance dans cette région, sans que personne n'en souffle mot.

Critique :

Je suis assez réservée quant aux fictions historiques, surtout lorsqu'il s'agit de sujet aussi grave que les camps de concentration.
Alain Monnier visite les ruines. Il observe et réhabilite les objets abandonnés pour leur attribuer une histoire, un souvenir, et entrevoir un regard, un couple, une vie, une fillette ... L'interprétation de l'auteur est purement subjective. Il n'a pas été témoin, il n'a pas donné la parole à ceux qui ont vécu Rivesaltes. Il est seulement narrateur et met des mots sur une mémoire collective, comme on mettrait de la couleur sur un vieux film, c'est à dire, avec une certaine vision du passé et une idée personnelle de la réalité. Ce récit, agréable à lire, au style bien travaillé et jamais ennuyeux, me gêne pour la bonne raison qu'il n'est pas véridique.

Puis l'auteur nous fait part de ses doutes. Il se questionne sur sa légimité ... Fallait-il écrire ce livre ?
la réponse sera : le devoir de mémoire ... il ne faut pas oublier.
Dernière édition : 02 octobre 2009, 00:12:47 par gislaine  

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