Les amis de la bibliothèque

C'est un roman d'anticipation puisqu'il nous décrit un société du futur – proche, c'est en 2050 – mais si tout ce qui figure dans ce roman est crédible voir peut-être probable, ce n'est pas tout à fait le sujet principal du livre. C'est plutôt prétexte à nous parler de notre société actuelle et en particulier de notre relation aux moyens de communication dont nous disposons. Tim est un hyper connecté et donc un être seul. Cette solitude il s'en accommode jusqu'au jour où il rencontre Abelle. Celle-ci se retrouve, tout comme Tim, dans un centre de cure destiné à sevrer les personnes hyper connectés. Sauf qu'elle y est pour éviter à son frère cette épreuve. Tim commence à se rendre compte alors que la seule vraie relation qu'il entretien avec un autre, c'est avec son robot Today. Mais peut-on parler de relation avec une machine surtout quand celle-ci est en quelque sorte un autre moi ? Tim est déconnecté des autres. Ses relations amoureuses ne le satisfont pas et son amitié pour Abelle est non exprimée à tel point qu'il perd le seul moyen de pouvoir reprendre contact avec elle. C'est elle qui saura le rejoindre, elle qui refuse de se laisser asservir par la technique au point de se jouer les morceaux de musique dans sa tête.
L'auteure nous convie à une réflexion sur l'évolution de nos rapports sociaux dans une société où nous pouvons nous passer de nous voir directement pour nous rencontrer. Est-ce qu'il y a encore un véritable échange ? Elle nous invite également à penser nos rapports aux machines, des machines qui peuvent singer les comportements humains mais qui restent encore des machines. Nous apparaissons alors démuni, nos comportements étant archaïques et inadaptés face à ces nouvelles réalités.
La scène où Tim s'aperçoit que son attitude face à Today n'est que le prolongement de celle qu'il avait avec le doudou de son enfance est à cet égard savoureuse et significative.
La société décrite est exempte de catastrophes. Ici pas de grands chambardements attendus et promis, même les accidents nucléaires ne sont que des accidents. C'est sans doute un futur envisageable, le pire n'est jamais sûr !
Le style d'ensemble de l'ouvrage est assez inégal. Au début il y a un certain nombre de maladresses mais celles-ci disparaissent au cours du livre. Nous arrivons sur un fin ouverte où nous lecteurs pouvons envisagés plusieurs suites possibles ce qui laisse des optimistes comme moi assez heureux. Cependant il faut bien se rendre à l'évidence que l'auteure ne nous donne pas du futur une vision très enthousiasmante, ce n'est pas l'enfer mais nous sommes aussi très loin du paradis.

Citation :
«– Évidemment, poursuivit-il, c'est une vision que je ne partage pas entièrement. Tim est un être humain tout à fait délicieux, on ne voit pas trop comment on pourrait avoir envie de le contrarier. En réalité, je pourrais être très indocile si je le souhaitais. Mais ma personnalité ne m'y porte pas. J'ai appris la diplomatie avec Tim. J'ai été formé par cet être exquis.
Les membre du jury se donnaient des coups de coude, ils se pinçaient pour croire à ce qu'ils voyaient. C'était absolument fascinant. L'androïde avait totalement pris le contrôle de la conférence et apparemment ne suivait plus du tout le plan conçu par Thimotée Bix… » (page 322)