Les lapins ne meurent pas - BASTOVOI Savatie

Couverture Les lapins ne meurent pasNous sommes en 1980. Sasha, neuf ans, vit dans une région agricole du Sud de l’Union Soviétique : la République de Moldavie. Une vie sous le communisme, avec ses slogans interminables, ses défilés épuisants, sa pruderie, ses kolkhozes, ses organisations de jeunesse quasi militaires (octobriers, pionniers, komsomols…). Pour Sasha, qui la prend à la lettre, la propagande devient parole d’Evangile. Il vénère les martyrs de la cause communiste dont les visages sont peints sur les murs de l’école, et en premier lieu, Lénine, gloire de l’Union Soviétique qui a combattu les puissances du Mal capitaliste. A cette dévotion athée s’ajoute un élan panthéiste qui s’exprime dans un amour sensuel pour la forêt, où il va chercher de l’herbe pour les cochons. A l’école, sous le regard réprobateur de Nadejda Petrovna, une institutrice virago dont il est le souffre-douleur, Sasha accumule les mauvaises notes et déteste les poésies patriotiques qu’il juge trop bêtifiantes. Il préfère l’activité citoyenne de récupération des vieux papiers et de la ferraille. Mais c’est un enfant comme les autres, il chahute avec ses camarades durant les interminables défilés et il est troublé par les soquettes blanches et les genoux de la jolie Sonia. En parallèle, l’auteur nous fait vivre le projet un peu fou de Nikolai Arsenievici d’élever ses lapins de clapier dans un terrier commun aménagé au fond de la forêt : une allégorie de la société communiste. Les dialogues surréalistes et poétiques entre Vladimir Ilitch et Makarîci, un militant quelconque, évoquent de très près La Leçon d’Eugène Ionesco. Enfin, le récit est ponctué, de manière très musicale, par de courts chapitres détachés de toute contingence narrative et empreints de poésie. Ainsi la petite Sophie sur les épaules de son papa marchant sur un horizon orange et jaune de fleurs et de ballons... L’ambiance, les couleurs, la tendresse de l’ensemble font penser à un film d’animation de Miyazaki. Ce roman est aussi celui d’une société bâtie sur les slogans. De tous calibres, ils sont les jalons d’un système totalitaire. On ne peut s’empêcher d’y voir une similitude avec nos slogans publicitaires ou les discours moralisateurs enjoignant les citoyens à ne plus fumer ou à “sauver la terre”. L’auteur n’a pas souhaité suivre son héros jusqu’au jour où le voile de la vérité se déchirera devant ses yeux. On quitte le petit Sasha avant qu’il n’ait conscience du mensonge généralisé qui l’entoure et qui, à nous, crève les yeux.

Biographie de l’auteur

Savatie Bastovoi est né à Chisinau en 1976. Son père est professeur de philosophie et adepte de l’athéisme scientifique. Jusqu’à son entrée dans les ordres, Bastovoi conservera les conceptions de son père. Il suit les cours du Lycée d’Art de Iasi et la dernière année, est interné, sur demande d’un enseignant, en hôpital psychiatrique à Socola, où il écrit le cycle Un valium pour Dieu qui le consacre comme poète. A partir de 1993, il publie de la poésie, des fragments de romans, des essais dans les revues littéraires les plus importantes de Roumanie et de Moldavie. Entre 1996 et 1998, il est étudiant de la Faculté de Timisoara, cursus qu’il abandonne. En 1999, il reçoit la tonsure monacale et prend le nom de Savatie. Le 28 octobre 2000, il est ordonné diacre puis, en 2002, prêtre. Il vit aujourd’hui au Monastère de la Nativité du Christ de la paroisse Edinet et Briceni, en République de Moldavie. Il dirige la maison d’édition Cathisma, la revue de spiritualité orthodoxe Ekklesia et enseigne l’iconographie au Séminaire de Théologie de Chisinau. Il a publié plusieurs ouvrages ouvrant un dialogue entre la spiritualité orthodoxe et la laïcité postmoderne.

Date première édition: janvier 2002

Editeur: Actes sud

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 6 / 10 (1 note)

Enregistré le: 09 décembre 2012



Geneviève
Appréciation de lecture
Les lapins ne meurent pas
Appréciation : 6 / 10
Commentaire #1 du : 20 mars 2013
Nous découvrons avec Sasha et ses camarades d' écoles comment ils sont conditionnés pour devenir de " bons communistes "et obéir aux dirigeants du pays .Qu 'ils faut combattre les puissances de Mal capitaliste car il n 'apporte que le malheur .

Récit assez dur et complexe

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