Belle du Seigneur - COHEN Albert

Couverture Belle du Seigneur"Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs ils se verraient."
Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d'une foule de comparses : ce roman n'est rien de moins que le chef-d'œuvre de la littérature amoureuse de notre époque.
Grand Prix de l'Académie Française 1968.

Biographie de l'auteur

Albert Cohen (1895-1981) est un poète, écrivain et dramaturge suisse romand d'expression française.
Né dans l'île grecque de Corfou, Francis Albert Cohen a un père d'origine juive romaniote et une mère juive de langue italienne. Son grand-père préside la communauté juive locale.
Issus d'une famille de fabricants de savon, les parents d'Albert décident d'émigrer à Marseille après un pogrom, alors qu'Albert n'est âgé que de 5 ans. Ils y fondent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera cette période dans Le Livre de ma mère.
Il commence son éducation dans un établissement privé catholique. C'est en 1905 qu'il se fait traiter de « youpin » dans la rue, événement qu'il raconte dans "Ô vous, frères humains" (1972). En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d'amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913, il obtient son baccalauréat.
En 1914, il quitte Marseille pour Genève où il s'inscrit à la faculté de droit. Dès lors, il s'engage en faveur du sionisme mais n'ira jamais en Israël. Il obtient sa licence en 1917 et s'inscrit à la faculté des lettres. En 1919, il obtient la nationalité suisse (il était ottoman). Il tente sans succès de devenir avocat à Alexandrie. Il épouse cette même année Élisabeth Brocher qui meurt d'un cancer en 1924. En 1921, il publie "Paroles Juives," un recueil de poèmes.
En 1925, il prend la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Einstein et Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il publie "Solal" (1930), premier volume d'un cycle qu'il poursuit avec "Mangeclous" (1938). En 1931, il se marie en secondes noces avec Marianne Goss dont il divorce.
En 1941, il propose de regrouper les personnalités politiques et intellectuelles européennes réfugiées à Londres dans un comité interallié des amis du sionisme. Il est alors chargé par l'Agence juive pour la Palestine d'établir des contacts avec les gouvernements en exil. Il démissionne en 1944 très déçu par la cause sioniste.
En 1943, il rencontre sa future troisième épouse, Bella Berkowich. En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés. Il est chargé de l'élaboration de l'accord international du 15 octobre 1946 portant sur le statut et la protection des réfugiés. En 1947, il rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations unies.
En 1947, il rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations unies. En 1957, il refuse d'occuper le poste d'ambassadeur d'Israël, pour poursuivre son activité littéraire.
Dans les années 1970, Albert Cohen souffre de dépression nerveuse et manque de mourir d'anorexie en 1978. Cette mort qu'il attend à chaque instant depuis toujours, ne veut pas de lui. Il change alors radicalement de vie (à plus de 80 ans…) et va employer ses dernières années à faire ce que son grand ami Marcel Pagnol avait fait toute sa vie : la promotion de son œuvre. Sortant de l'ascèse, il publie ses Carnets 1978 et répond aux demandes d'interviews : Bernard Pivot, le 23-12-1977, pour Apostrophes le propulse sur le devant de la scène littéraire ; radioscopie de Jacques Chancel en avril 1980, il exprime des opinions d'une misogynie virulente sur Marguerite Yourcenar, se demandant à son sujet comment il était "possible qu'une femme si grosse, si laide, si grasse, puisse écrire" ; des découvertes scientifiques de Marie Curie, il affirme qu'elles sont l'œuvre de "son mari, voyons !… J'en suis sûr. Pas elle. Elle était si sèche !"
En mai 1981, il publie dans Le Nouvel Observateur son dernier texte, « Aimer et être aimé », qui rend hommage à l'amour qui l'unit à sa femme.

Albert Cohen meurt à 86 ans, le 17 octobre 1981, des complications d'une pneumonie. Il est enterré au cimetière israélite de Veyrier, près de Genève. Bella Cohen est morte le 1er décembre 2002, à 83 ans.

Date première édition: mai 1968

Editeur: Folio

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 4 / 10 (1 note)

Enregistré le: 25 avril 2020



Michel G.
Appréciation de lecture
Belle du Seigneur
Appréciation : 4,5 / 10
Commentaire #1 du : 27 avril 2020
Le prototype du bouquin spécial confinement : plus de 1 100 pages (oui, oui 2 fois 550 !)
Ce serait " le chef d'oeuvre de la littérature amoureuse de notre époque", rien que ça !
Un adultère qui devient une véritable Passion (avec une majuscule tellement elle est puissante). Evidemment
une passion ça ne dure pas 1 000 pages ni de longues années. Pour Solal (haut fonctionnaire beau gosse, égoïste,
manipulateur etc) et Ariane ce sera quelques mois de bonheur absolu et pas mal de mois à se déchirer jusqu'à....
C'est long que dis-je c'est in-te-rmi-na-ble, et j'avoue avoir sauté un grand nombre de pages (descriptions, retours en arrière irritants, digressions multiples...)
Me revient la célèbre formule d'Oscar (Wilde) "la différence entre un simple caprice et une passion éternelle , c'est que le caprice dure un peu plus longtemps".
Quant à Mr Busnel, il déclarait dans une interview à "Marie Claire" : "j'adorais Albert Cohen et son Belle du seigneur que je trouve nul aujourd'hui". Et paf !
Reste le style. Agréable, bien ficelé et surtout un humour grinçant, sarcastique quand il s'agit de dénoncer les ronds de cuir rois de la glande, la petite bourgeoisie et ses manies ridicules etc.

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