L'Art de perdre - ZENITER Alice

Couverture L'Art de perdre

logo : Coup de Coeur2017 : Prix du Journal Le Monde - Prix des libraires de Nancy et des journalistes du Point - Goncourt des Lycéens

L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère,

pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.

Biographie de l'auteur

Alice Zeniter est née en 1986. Elle a publié 4 romans, dont Sombre dimanche (2013) qui a reçu le prix du Livre Inter, le prix des lecteurs de l'Express et le prix de la Closerie des Lilas et Juste avant l'oubli (2015), prix Renaudot des lycéens. Elle est dramaturge et metteuse en scène.

Date première édition: août 2017

Editeur: Flammarion

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 6.83 / 10 (6 notes)

Enregistré le: 29 novembre 2017



PATRICIA BILLARD
Appréciation de lecture
L'Art de perdre
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #6 du : 19 janvier 2019
c'est un livre de mémoire, scindé en trois parties , sur trois générations.

ALI, le grand père a servi la FRANCE en ALGERIE - il devient harki, et de ce fait , traitre - il s'enfermera dans un silence pesant.

HAMID, un des fils, a dû fuir, avec ses parents, frères et soeurs vers la France, passant par un camp de transit, avant d'habiter une cité, dans un petit appartement - le déni a enfoui sa mémoire d'enfance - c'est un volcan éteint.

NAÏMA, une des petites filles, n'a pas de racines, elle se sent vide d'un passé que taisent père et grand père- alors elle partira en ALGERIE, rencontrer la famille restée là bas.

c'est un peu une fin de point de suspension - avec le silence, ils ont tout perdu.

très bien écrits - malgré des passages longs historiquement parlant...

mais les trois personnages principaux sont bien analysés.
Michel G.
Appréciation de lecture
L'Art de perdre
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #5 du : 12 octobre 2018
Tout a été dit et écrit au sujet de ce 5ème roman d'Alice Zéniter, je n'ajouterai donc pas de nouveau résumé.
Il est normal que cet ouvrage ait séduit les lycéens qui découvrent la guerre d'Algérie et sa complexité, guerre qu'ils n'ont pas connue.
Cette période est souvent évoquée de nos jours.
Pour ma part je préfère le livre de Kaouther Adimi "nos richesses" plus concis et mieux écrit.
Reste que le sort des Harkis (qui n'ont pas forcément choisi un camp) tels Ali voulant sauver sa peau et la vie de ses proches ne peut pas laisser indifférent.
Gislaine
Appréciation de lecture
L'Art de perdre
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #4 du : 05 avril 2018
C'est un roman magnifiquement écrit ; le lecteur tourne les pages avec passion.

La guerre d'Algérie est un drame poignant qui impacte plusieurs générations et qui demande beaucoup de temps pour s'estomper. Les Harkis sont les grands perdants des 2 bords de la Méditerranée : haïs d'un coté et rejetés de l'autre.
Alice Zeniter raconte avec subtilité le destin brisé des Harkis (Kabyles) : l'exil, le déracinement, la honte, le silence et le poids de l'héritage.
A lire sans modération.

Citations :

"Il (Hamid 2eme génération) se dit parfois que s'échapper prend plus de temps que prévu, et que s'il n'a pas fui aussi loin de son enfance qu'il le souhaiterait, la génération suivante pourra reprendre là où il s'est arrêté."

L’Histoire de France marche toujours au côté de l’armée française. Elles vont ensemble. L’Histoire est Don Quichotte et ses rêves de grandeur ; l’armée est Sancho Pança qui trottine à ses côtés pour s’occuper des sales besognes.

Le racisme est d'une bêtise crasse. Il est la forme avilie et dégradée de la lutte des classes, il est l'impasse idiote de la révolte.

La maison oú il n'y a plus de mère, dit le proverbe kabyle, même quand la lampe est allumée, il y fait nuit.
Michel-Henri
Appréciation de lecture
L'Art de perdre
Appréciation : / 10
Commentaire #3 du : 16 mars 2018
Dans ce roman Alice Zeniter nous donne à voir une période de notre histoire qu’on a longtemps tue, la guerre d’Algérie. A travers trois générations nous revivons l’Histoire de l’Algérie depuis la colonisation jusqu’à nos jours. Cette Histoire est vue du côté des perdants et même les plus perdants parmi les perdants, les harkis. Ceux qui pour un tas de raisons ont choisi le mauvais camp.
Quatre personnages émergent de ce lot, le grand-père Ali, Yema la grand-mère, Hamid le fils et Naïma la petit-fille.
Ali est très emblématique, il passe du statut de héros qui a contribué à libérer la France à celui de traître. Et lui qui ne sait pas mettre des mots sur les choses, il va choisir le silence, le travail qui sera sa seule dignité.
Hamid le fils qui ne peut que subodorer l’histoire de son père choisira la révolte mais aussi la silence, le silence sur son enfance, une histoire qu’il ne veut plus être sienne jusqu’à la taire à ses filles. Naïma choisira, elle, d’affronter le passé de sa famille. Sans doute que c’est la première de la lignée qui soit capable d’affronter cette histoire, de la réécrire puisqu’il n’y a personne pour lui dire. Elle comble les vides. Et c’est sans doute la seule façon de refermer le cercle, rendre une existence et une dignité à ceux de sa famille. Il lui faut d’ailleurs affronter le passé en se rendant en Algérie pour qu’elle puisse enfin échapper, se rendre compte qu’elle n’a plus rien à voir avec cette histoire, que c’est son passé mais ce n’est plus son présent et ce ne sera pas son futur.
C’est un très beau roman. Un roman nécessaire pour nous faire comprendre qu’il y a rarement en Histoire des choses tranchées avec les méchants tout d’un côté et les bons de l’autre. Nécessaire aussi pour nous montrer l’importance de la mémoire, que tout ce qui est occulté ressort d’une manière ou d’une autre et vient hanter les générations futures.
Cathiou
Appréciation de lecture
L'Art de perdre
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #2 du : 11 février 2018
J'ai adoré ce livre qui est très bien écrit et qui évoque la situation des harkis en France et en Algérie sur trois générations.
On se sent très proche des personnages, on vit avec eux leurs problèmes, leurs joies.
On ressent leur complexité.
C'est un livre sur le silence, la culpabilité.
C'est un vrai coup de coeur.
Marie-Claire
Appréciation de lecture
L'Art de perdre
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 09 février 2018
De 1930 à nos jours, ce roman bouleversant fait revivre trois générations d'une famille kabyle entre l'Algérie et la France :
Ali, le grand-père enrichi grâce à un pressoir à olives tombé du ciel, devenu harki et qui fuit son pays
Hamid, le fils,exilé, ballotté des camps aux HLM de Normandie et qui refuse de se souvenir
Naïma, la petite fille, privée de son histoire familiale et qui cherche à trouver ses racines pour se construire une identité
Roman qui donne la parole à ceux qui ne l'avaient jamais prise:les harkis avec de
magnifiques portraits de ces hommes et ces femmes évoqués dans toute leur complexité , une très fine analyse des événements historiques racontés à travers une famille ordinaire qui ne maîtrise pas les enjeux politiques et superbe dissection de la culpabilité, de la honte qui engendre le silence…
C'est écrit au présent, ce qui donne au lecteur une proximité et une empathie avec les personnages .
Le titre est expliqué en fin de roman qui n'a pas de véritable fin mais nous offre plutôt une réconciliation avec le vers d'Elisabeth Bishop :
« Dans l'art de perdre, il n'est pas dur de passer maître »

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